Portraits de famille : Famille mixte
André, le grand-père, est bijoutier. Strict, il ne voulait pas que son fils soit boulanger mais qu'il reprenne la bijouterie.
La grand-mère Marie-Antoinette est violoniste.
Gaston, le père, est boulanger, dépressif, le regard vide.
Anna Chollet, la mère, est femme au foyer. Jolie, elle va bien, s'amuse et a le temps de se faire belle.
La fille a 28 ans, est femme au foyer. Elle a eu de bonnes notes, elle est docile. Victime d'un accident, elle est paralysée.
Roger, le fils, est pilote d'avion. Il aime l'aventure, a un caractère fort, courageux, il est toujours étonné.
Portraits de famille : Famille tarée
La grand-mère, Roca, est fan de guitare. Elle essaie de l'apprendre à ses petits-enfants mais ils n'aiment pas ça et la trouvent folle.
Le grand-père Muter a longtemps vécu enfermé. On n'est pas bien sûr que ce portrait soit vraiment le sien.
Le fils, Possédé, veut ressembler à Poséidon et veut du pouvoir.
La mère Cendria n'a plus qu'une pantoufle. Elle a toujours voulu être une princesse mais n'a pu épouser qu'un comptable.
Le père Comptabilo est devenu fou par excès de travail et parce que sa femme joue toujours à la princesse.
La fille Tchikita a eu un accident très jeune. Depuis une chute, elle est en fauteuil roulant et déformée.
Portraits de famille : Famille autoritaire
Le grand-père Pablo est un très riche homme d'affaires.
La grand-mère Felicia est sympathique. Elle ne travaille pas, aime s'habiller et aime beaucoup les enfants. Elle est source de force et d'argent pour la famille.
Ginger, le père, est religieux. Pas comme son père : il gagne beaucoup d'argent en arnaquant les gens. Il est très calme.
La mère, Martha, a 35 ans. Peintre, elle adore le chat et aurait presque quitté son mari pour lui. Très reconnue, elle a souvent voyagé, a fait de nombreuses expositions. Le portrait de la grand-mère est d'elle, c'est un hommage.
Le fils Roro dort beaucoup et ronfle tellement qu'il a fallu l'envoyer dans un pays loin et très chaud, où il a beaucoup bronzé. Il est au chômage.
La fille s'appelle Jolie parce que sa mère voulait qu'elle soit belle, forte et intelligente et elle s'est battue pour le devenir. Elle a fait des études, est devenue écrivaine et son œuvre autobiographique lui a fait gagner beaucoup d'argent.
crédits photos : F. Chantriaux, V. Louys - ©Tous droits réservés
Séance du 13 novembre : aphorismes au miroir
Le miroir me désobéit
Le miroir reflète mon côté sombre
Le miroir me reflète même quand je n’le veux pas
Le miroir me suit sans arrêt
Le miroir m’observe
Le miroir est limité
Le miroir ne voit pas ce que l’on voit
Le miroir voit ce que l’on ne voit pas
Je regarde le miroir et il me regarde
Le miroir dit toujours la vérité
Le miroir est aussi rapide que moi
Le miroir révèle tous mes secrets
Le miroir nous transmet son chagrin
Le miroir me répond
Le miroir est mon confident
Lorsque je le regarde, il se brise
Le miroir est le seul ami qui me dit toujours la vérité
Le miroir a une mémoire
Le miroir ne ment jamais
Le miroir me montre pourquoi je me sens seul-e
Le miroir voit tout
Le miroir est aussi efficace que la chirurgie
Le miroir ne s’emmêle jamais
Le miroir est le journal intime de chacun
Le miroir est fidèle à part quand il se brise
Le miroir est un monde parallèle silencieux
Le miroir est méticuleux
Le miroir est notre jumeau
Le miroir est un tableau animé
Lorsqu’il se brise il me multiplie
d'après des aphorismes de Laura Vazquez. Voici un exemple de son travail d'écriture et d'interprétation :
CHOIX DE TEXTES
Qu'est-ce qu'un miroir ?
(d'après l'Encyclopédie Universalis junior)
Seuls quelques rares animaux, comme le chimpanzé, comprennent que leur reflet dans le miroir n'est pas un autre animal.
Un miroir est une surface polie réfléchissante. La plupart des miroirs sont constitués d’une plaque de verre dont l’envers est recouvert d’un enduit métallique brillant. Une plaque de verre est polie. Puis, son envers est enduit d’une fine couche d’argent, d’aluminium ou d’un autre métal. Il est ensuite recouvert de cuivre, de vernis ou de peinture en guise de protection.
L’image qui apparaît dans un miroir, ou reflet, résulte du phénomène de réflexion. Celui-ci survient lorsque la lumière touche une surface. Si la lumière ne peut traverser la surface, elle y rebondit, s’y réfléchit. La plupart des surfaces absorbent une partie de la lumière et réfléchissent le reste. Mais, grâce à leur enduit métallique, les miroirs renvoient presque toute la lumière qui les frappe.
Lorsque nous sommes face à un miroir, notre corps y forme des motifs lumineux que la surface polie du miroir renvoie à nos yeux. Notre cerveau va alors les interpréter, les lire, comme étant une image de nous-même dans le miroir.
La plupart des miroirs sont plats : ce sont des miroirs plans. Les images qu’ils reflètent sont inversées. Par exemple, si on lève sa main droite en regardant dans un miroir, on aura l’impression de voir sa main gauche levée dans le reflet. On utilise les miroirs plans pour se regarder.
D’autres miroirs sont courbes. Les miroirs convexes le sont vers l’extérieur, ils apparaissent bombés. Les objets qui s’y réfléchissent semblent inversés et plus petits que leur taille réelle. Les miroirs concaves sont courbes vers l’intérieur, ils apparaissent incurvés. À distance, les objets y semblent retournés. Si on se rapproche, ils semblent être dans le bon sens et plus grands que leur taille réelle.
Mon reflet a une inquiétante étrangeté
(Didi-Huberman, Aperçues)
J’ai l’impression très nette — hallucinatoire ? — que chaque miroir me reflète différemment. Dans chaque nouvelle salle de bains, d’un hôtel à l’autre, je ne suis plus le même et cela va, généralement, de pire en pire. Il y aurait de quoi prêter aux miroirs, comme dans l’histoire de Blanche-Neige, la puissance divinatoire d’un regard et d’une révélation de ce que nous sommes en vérité, ou serons, sans savoir le voir par nous-mêmes. Cela me dit plutôt quelque chose sur l’inquiétante étrangeté qui survient dans l’image qui m’est la plus familière, à savoir la mienne propre. C’est comme si la moindre différence de cadre, de tain, de lumière incidente, de chromatisme ambiant, etc., faisait advenir, de mon corps propre dédoublé dans le miroir, une visibilité complètement nouvelle, pas moins vraie, pas moins fausse que toutes les autres.
Le corps que je vois, le corps que j'invente
(d'après Foucault, Le Corps utopique)
Mon corps : à ce lieu-là, dès que j’ai les yeux ouverts, je ne peux plus échapper. Je peux le bouger, le remuer, le changer de place. Seulement voilà : je ne peux pas me déplacer sans lui ; je ne peux pas le laisser là où il est pour m’en aller, moi, ailleurs. Je peux bien aller au bout du monde, je peux bien me tapir, le matin, sous mes couvertures, me faire aussi petit que je pourrai, je peux bien me laisser fondre au soleil sur la plage, il sera toujours là où je suis. Il est ici irréparablement, jamais ailleurs. Mon corps, c’est le contraire d’une utopie, ce qui n’est jamais sous un autre ciel, il est le lieu absolu, le petit fragment d’espace avec lequel, au sens strict, je fais corps.
Tous les matins, même présence, même blessure ; sous mes yeux se dessine l’inévitable image qu’impose le miroir : visage maigre, épaules voûtées, regard myope, plus de cheveux, vraiment pas beau. Et c’est dans cette vilaine coquille de ma tête, dans cette cage que je n’aime pas, qu’il va falloir me montrer et me promener ; à travers cette grille qu’il faudra parler, regarder, être regardé ; sous cette peau, croupir. Mon corps, c’est le lieu sans recours auquel je suis condamné. Je pense, après tout, que c’est contre lui et comme pour l’effacer qu’on a fait naître toutes ces utopies.
L’utopie, c’est un lieu hors de tous les lieux, mais c’est un lieu où j’aurai un corps sans corps, un corps qui sera beau, limpide, transparent, lumineux, véloce, colossal dans sa puissance, infini dans sa durée, délié, invisible, protégé, toujours transfiguré.
Le pays des fées, le pays des lutins, des génies, des magiciens, eh bien, c’est le pays où les corps se transportent aussi vite que la lumière, c’est le pays où les blessures guérissent avec un baume merveilleux le temps d’un éclair, c’est le pays où on peut tomber d’une montagne et se relever vivant, c’est le pays où on est visible quand on veut, invisible quand on le désire. S’il y a un pays féérique, c’est bien pour que j’y sois prince charmant et que tous les jolis gommeux deviennent poilus et vilains comme des oursons.
Mais il y a aussi une utopie qui est faite pour effacer les corps. Cette utopie, c’est le pays des morts. Les momies, après tout, qu’est-ce que c’est ? C’est l’utopie du corps qui persiste à travers le temps. Il y a eu aussi les masques d’or que la civilisation mycénienne posait sur les visages des rois défunts : utopie de leur corps glorieux, puissants, solaires, terreur des armées. II y a eu les peintures et les sculptures des tombeaux. Il y a, de nos jours, ces simples cubes de marbre, figures régulières et blanches sur le grand tableau noir des cimetières. Et dans cette cité d’utopie des morts, voilà que mon corps devient solide comme une chose, éternel comme un dieu.
Scènes de miroir au cinéma !
Photos : Nina, Sarah, Florence - crédits photos : F. Chantriaux - ©Tous droits réservés
crédits photos : V. Louys - ©Tous droits réservés
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